Starlink : Un nouvel acteur dans la connectivité Internet au Niger

L’accès à Internet au Niger est un défi persistant, tant dans les grandes villes que dans les zones plus reculées. Le besoin de solutions alternatives à une connexion souvent lente et coûteuse se fait sentir, et c’est dans ce contexte que les services de connectivité par satellite commencent à susciter l’intérêt.

Un contexte difficile pour la connectivité

Le Niger fait partie des pays d’Afrique de l’Ouest où Internet est non seulement limité en termes de couverture, mais aussi extrêmement coûteux. D’après l’Observatoire des communications électroniques du deuxième trimestre 2024 de l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et de la Poste (ARCEP), le total du parc d’abonnés Internet s’établit à 8 470 367 abonnés, avec un taux de pénétration Internet de 32%. La majorité de connexions sont concentrées dans les centres urbains comme Niamey et Zinder. Cependant, même dans ces villes, les utilisateurs font face à des vitesses de connexion moyennes d’environ 1,5 Mbps, bien en dessous de la moyenne régionale de 3 Mbps, selon des données récentes de plateformes de tests de vitesse comme TestMy.net et Speedtest.net. Ces vitesses, particulièrement lentes, s’accompagnent également de latences élevées, rendant l’expérience Internet souvent laborieuse pour les utilisateurs au Niger.

Les zones rurales et reculées souffrent encore davantage. Les infrastructures télécoms y sont presque inexistantes, et la connexion, lorsqu’elle est disponible, est très limitée avec des vitesses bien en dessous de 1 Mbps. Cette situation a d’importantes répercussions sur l’accès à l’information, l’éducation à distance, et les opportunités économiques pour les populations locales.

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Starlink : une nouvelle alternative

Les solutions de connectivité par satellite, telles que celles proposées par Starlink, se présentent comme une réponse potentielle aux défis auxquels ces régions sont confrontées. Avec des vitesses oscillant entre 25 et 220 Mbps, Starlink dépasse largement les services fournis par les infrastructures terrestres actuelles. Dans certains cas, des vitesses encore plus élevées, dépassant 300 Mbps, ont été observées, en fonction de la localisation et des conditions d’utilisation. Bien que leur utilisation reste illégale au Niger, plusieurs utilisateurs dans des zones isolées ont rapporté des améliorations notables après avoir accédé à ces technologies via des canaux informels.

En analysant le rapport annuel 2022 de l’ARCEP, il ressort que le Niger a besoin de solutions innovantes pour surmonter ses obstacles en matière de connectivité. Des technologies satellites pourraient offrir une réponse à cette fracture numérique persistante, en particulier dans les zones mal desservies. Les utilisateurs pionniers dans les zones rurales soulignent que les services satellitaires (Starlink) représentent une véritable alternative aux connexions terrestres lentes et souvent peu fiables.

Ces technologies offrent l’avantage d’être déployées rapidement, sans nécessiter de grandes infrastructures au sol, ce qui est important pour des régions aussi vastes et isolées que le nord du Niger.

Une réglementation nécessaire

Bien que les connexions par satellite ne soient pas encore autorisées, leur adoption pourrait combler les lacunes du réseau existant et réduire la fracture numérique entre les zones urbaines et rurales. Le Niger pourrait tirer des enseignements de l’exemple du Mali, où l’utilisation de services similaires a récemment été autorisée. Une politique d’ouverture à ces technologies, accompagnée d’une réglementation claire, serait un pas décisif vers la modernisation de l’accès à Internet dans le pays.

Selon les dernières discussions au niveau de l’ARCEP (rapport 2022), la modernisation du secteur télécom reste une priorité, mais nécessite des ajustements en termes de régulation pour permettre une concurrence équitable entre les différents acteurs.

Impact économique et social

L’amélioration de l’accès à Internet pourrait avoir des effets considérables sur l’économie locale, en particulier dans les régions rurales. Il est clair que le manque de connectivité entrave la participation des jeunes et des entrepreneurs à l’économie numérique. Une meilleure connexion permettrait de combler ce fossé, d’encourager l’innovation, et de rendre des services essentiels accessibles à distance, comme la téléconsultation médicale ou l’e-learning.

Par ailleurs, les organisations non gouvernementales et les entreprises locales pourraient largement bénéficier d’une connexion stable et rapide. À terme, cette modernisation pourrait également attirer des investisseurs dans des secteurs comme le commerce électronique, stimulant ainsi l’économie.

En somme, l’introduction de solutions de connectivité par satellite comme Starlink pourrait transformer le paysage numérique au Niger, en offrant un accès Internet fiable dans les zones reculées. Toutefois, pour maximiser cet impact, il est essentiel d’établir un cadre réglementaire clair qui favorise l’adoption de ces technologies tout en protégeant les intérêts des utilisateurs. Cela permettrait de réduire la fracture numérique et de renforcer l’économie locale, ouvrant ainsi la voie à un avenir numérique inclusif et équitable pour tous les Nigériens.

Ahmadou Atafa