Niger : la liberté de la presse en recul, selon RSF et Amnesty International

Article : Niger : la liberté de la presse en recul, selon RSF et Amnesty International
Crédit: Iwaria
3 mai 2024

Niger : la liberté de la presse en recul, selon RSF et Amnesty International

À l’occasion de la Journée Internationale de la Liberté de la Presse, célébrée le 3 mai, les rapports de RSF et d’Amnesty International révèlent une détérioration alarmante de la liberté de la presse au Niger, tout comme au Burkina et au Mali. Des journalistes sont confrontés à des répressions, mettant en danger leur sécurité et compromettant le droit à l’information.

Un contexte instable

Le 26 juillet 2023, le Niger a connu un bouleversement politique majeur lorsque le régime dirigé par Mohamed Bazoum a été renversé par un coup d’État militaire mené par le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle. Ce coup d’État a déclenché une série de violations de la liberté de la presse, avec la suspension de certains médias et l’arrestation de journalistes, selon Reporters sans frontières (RSF).

La liberté de la presse au Niger traverse une période alarmante, marquée par une série de régressions significatives, comme le révèlent les rapports de Reporters Sans Frontières (RSF) et Amnesty International. Par rapport à l’année précédente, RSF note une chute de 19 places pour le Niger dans son classement annuel de 2024, plaçant le pays à la 80e position sur 180, avec des indicateurs politiques, économiques et sécuritaires en déclin.

La réduction de la liberté d’expression politique et les contraintes financières croissantes sur les médias indépendants fragilisent le paysage médiatique. De plus, la détérioration de la sécurité des journalistes, avec une chute spectaculaire de la position du Niger (de la 36e place en 2023 à la 107e en 2024) selon RSF, compromet gravement leur capacité à travailler en toute sécurité.

Les événements récents, notamment l’arrestation de journalistes comme Soumana Idrissa Maiga et Ousmane Toudou, ainsi que la suspension de la Maison de la Presse, aggravent encore la situation. Les journalistes se retrouvent dans une situation de peur et d’auto-censure, craignant les représailles des autorités.

Amnesty International apporte également un éclairage précieux sur la situation, dénonçant les pratiques répressives des autorités. Selon l’organisation, les arrestations arbitraires de journalistes – tels que Soumana Maiga et Ousmane Toudou – ainsi que les accusations graves portées contre eux, compromettant ainsi la liberté de la presse et le droit à une information libre et impartiale.

La suspension des médias internationaux RFI et France 24 par les autorités nigériennes illustre encore davantage la situation. Cette mesure restrictive, similaire à celles observées au Mali et au Burkina Faso, deux pays voisins, où plusieurs médias internationaux ont également été suspendus, soulève des préoccupations quant à la liberté d’expression et à l’accès à une information pluraliste et impartiale dans la région.

La nécessité de garantir le droit à l’information

Il est impératif que les autorités nigériennes respectent leurs obligations légales en matière de droits de l’homme, comme le souligne Amnesty International. Les normes internationales et régionales en matière de liberté d’expression doivent être respectées et les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier sans crainte d’intimidation, d’arrestation ou de représailles, prône l’organisation.

Pour elle, la communauté internationale doit également continuer de surveiller la situation et exercer une pression diplomatique sur les autorités nigériennes pour garantir le respect des libertés fondamentales et la protection des journalistes dans l’exercice de leur profession.

Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, sont actuellement dirigés par des régimes militaires après des coups d’État, en 2021 pour le Mali, et en 2022 pour le Burkina Faso. Ensemble, ils ont créé l’Alliance des États du Sahel (AES), une organisation régionale qui vise à renforcer la coopération en matière de sécurité et de développement.

Cependant, l’état de la liberté de la presse dans ces pays soulève des questions sur leur engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme. En effet, selon le rapport annuel 2024 de RSF, ces pays ont tous connu une régression de leur classement respectif. En 2023, le Niger se tenait fièrement à la 61e place avec 66,84 points, mais en un an, il a chuté à la 80e place, perdant ainsi 19 positions. De manière similaire, le Burkina Faso a également subi une perte considérable, passant de la 58e à la 86e place, perdant 28 places dans le classement, tandis que le Mali est resté relativement stable, passant de la 113e à la 114e place. Ces régressions alarmantes soulignent les défis communs auxquels sont confrontés les pays de la région en matière de liberté de la presse.

Ahmadou Atafa

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