À la découverte d’un jeune écrivain et de son œuvre

Article : À la découverte d’un jeune écrivain et de son œuvre
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13 octobre 2023

À la découverte d’un jeune écrivain et de son œuvre

Les grands événements donnent forcément lieu à des rencontres diverses. Celles-ci sont le plus souvent heureuses et enrichissantes. Le cas donc de celle que j’ai faite avec un jeune journaliste et écrivain de la RDC lors du sommet africain de vérificateurs des faits, édition 2023. Une rencontre fortuite qui s’est révélée à la fois impressionnante et inspirante. En même temps, à travers notamment son livre, j’ai découvert l’engagement de cet écrivain en faveur d’une Afrique prospère grâce à ses propres efforts. Je vous raconte.

Vendredi 6 octobre 2023, mon chemin croise celui de ce jeune écrivain. C’était dans l’ambiance des assises du « africa facts summit 2023 » au cœur de Port-Louis, la capitale de l’Île Maurice. Il venait de la République Démocratique du Congo. Lui, c’est Fidèle, un jeune qui veut, à travers sa plume, apporter sa contribution pour la prospérité de l’Afrique grâce aux efforts des siens. Ce, en commençant par faire connaître les histoires et réalités socioculturelles, politiques, économiques etc de ce beau continent. D’ailleurs, c’est ce qui l’a motivé à écrire son premier livre où il rapporte avec précisions des faits qu’il a vécus chez lui. Un livre qui donne aussi implicitement des orientations vers ce changement positif voulu.

La rencontre

Vers 16h, ce vendredi, alors que nous étions en train de prendre une petite pause-café, dans la foulée de vas-et-viens, entre plus de 190 personnes réunies par Africa Check, j’ai rencontré Fidèle Kitsa, le jeune congolais. On s’est salué et chacun s’est présenté à l’autre. Après une petite discussion, s’en est suivi l’échange des contacts. Ensuite, on s’est très vite séparé vu que le temps de la petite pause qui nous a été accordée venait de s’écouler. Nous rentrâmes alors dans la salle et les travaux du sommet reprirent.

Le temps passa, et le programme de cette dernière journée du sommet finit, puis chacun rentra dans son hôtel. Il faut maintenant se préparer pour la soirée de Gala au cours de laquelle seront dévoilés les lauréats du prix « African Fact-checking Awards ». Vers 19h, la soirée commence déjà au Suffren Hotel & Marina, et nous voilà sur place. Là, Fidèle et moi nous étions brièvement croisés, comme tous les participants se croisaient dans cet endroit mouvementé. On s’était juste salué et chacun partit de son côté suivre la cérémonie et profiter du spectacle offert. Ce n’est que le lendemain, quand nous quittions l’hôtel où nous étions hébergés qu’on s’est une nouvelle fois vu. Là, il n’y avait pas beaucoup de monde comme les autres fois. C’était à la devanture de l’Hôtel Hennessy où nous attendions d’être transportés à l’aéroport. Dans ce lieu, le journaliste me retrouva en train de converser avec Donald et Hemes, deux autres journalistes fact-chekers venus du Cameroun que je venais de croiser. D’ailleurs ce n’est que Fidèle que le taximan attendait pour nous déposer à l’aéroport, nous quatre puis Hossam, un autre fact-cheker venu de l’Égypte. Avant que le chauffeur ne finisse de ranger nos affaires dans la malle arrière de son véhicule, on entama des discussions qu’on continua durant les 35 minutes de route de l’aéroport. Chemin faisant, évoquant dans nos discussions, entre autres, le retard de l’Afrique, en comparant notre pays hôte (qui est d’Afrique aussi) à nos pays respectifs d’origine, Fidèle partagea avec nous sa pressante envie de voir ce continent construit et développé par ses filles et fils. L’occasion pour lui de nous présenter son livre « Le Reporter du Feu » dont il partagea avec nous des exemplaires, y compris avec le taximan. Il nous expliqua, par la suite, ce qui l’a véritablement poussé à se lancer dans l’écriture. C’était une curieuse découverte pour nous de savoir que Fidèle qu’on venait à peine de connaître est aussi écrivain en dehors d’être journaliste reporter et fact-checker. Nous l’avons alors félicité et avons continué nos discussions jusqu’à l’aéroport.

Couverture de l’ouvrage « le reporter du feu »/@Fidèle Kitsa

Après avoir lu le synopsis et regardé quelques pages de cette œuvre littéraire, je l’ai soigneusement rangée dans mon sac. Et nous avons tous commencé les formalités d’embarquement pour Istanbul où nous attendaient un peu plus de 13 heures d’escale. C’est à ce stade que nous nous étions perdus de vue tous les 5. À la descente à Istanbul, je n’ai retrouvé que Donald et Hemes avec qui j’ai sillonné l’aéroport, sachant que Hossam, lui, ne passe pas par cet aéroport. Depuis notre arrivée à 5h du matin, nous étions restés ensemble tous les 3 jusqu’à 14h. Lorsqu’alors je suis allé accomplir mon devoir religieux, je n’ai plus retrouvé Donald et Hemes à mon retour. Après des recherches infructueuses dans ce grand aéroport d’Istanbul, j’ai décidé de me trouver un coin pour me « caler ». J’ai alors activé la nécessaire connexion internet – une heure gratuite offerte par l’aéroport – : histoire de me mettre à jour sur l’actualité et de faire passer le temps. Ainsi, quelques minutes après, me vint l’idée d’appeler Fidèle via whatsapp. Chose que j’ai essayée, et comme par hasard, son téléphone sonna et il décrocha. Je lui demande alors sa position qu’il a essayé de me donner sans y arriver exactement. Il me demande la mienne aussi, et après des explications, il m’a rejoint dans un resto de l’aéroport. Il m’y dédicaça son livre et nous restâmes ensemble jusqu’à l’heure de nos vols respectifs. Chacun prend maintenant sa direction.

Un fidèle compagnon

C‘est ainsi que Fidèle et moi nous étions séparés. Maintenant, place donc à la rencontre profonde de son œuvre, ce fidèle compagnon qu’il m’a laissé. Le long de mon vol, j’ai savouré chaque ligne du bouquin, « Le Reporter du Feu », qui m’a tenu compagnie entre Istanbul et N’Djamena où j’ai fait une escale d’environ une heure de temps. C’est durant cette distance que j’ai découvert l’intégralité de l’œuvre du journaliste.

Dans un style simple, limpide et léger, l’écrivain relate dans ce livre la calamité due à l’éruption volcanique qui s’est abattue dans sa ville de Goma, depuis la République Démocratique du Congo. Mettant à profit son talent de journaliste reporter, il n’épargne presque aucun détail de ce qu’il a vu, entendu , senti et vécu lors des moments troublants et accablants de cette catastrophe naturelle. Pas à pas, il a suivi et rapporté l’évolution de la situation. De la rumeur jusqu’à la réinstallation de victimes et rescapés de ce qui s’est confirmé, il a tout rapporté. Il fait tout revivre à ses lecteurs.

Les maux communs…

Pour moi, bien que traitant d’une réalité spécifique, ce récit met en lumière les maux visiblement communs à notre chère Afrique. De manière subtile, l’auteur évoque, par exemple, la légèreté avec laquelle nos gouvernants s’en prennent à des situations mêmes les plus sérieuses et urgentes. Il met un point sur leur mauvaise communication, ou même l’absence de communication qui laisse ainsi libre champs au danger de fake news à l’ère des réseaux sociaux. Avec ceux-ci, elles se propagent en un claquement des doigts avec tout ce qu’elles pourraient avoir comme conséquences. Bref, l’œuvre met en exergue ce qui s’apparente comme un manque de sérieux des autorités politiques et administratives dans la gestion de ce qui touche ceux pour qui elles sont censées travailler. Aussi, fait-elle cas de manque d’organisation et de sérieux des nos institutions, à l’image ici de l’Observatoire volcanologique de Goma (OVG) auquel, si les moyens nécessaires avaient été mis à la disposition, et que s’il travaillait avec la rigueur qu’il fallait, l’éruption volcanique aurait fait moins de dégâts.

Un autre mal commun à relever dans cette œuvre, c’est la malhonnêteté de certains de nos commerçants ou entrepreneurs consistant à vouloir profiter des mauvaises situations pour gonfler les prix de leurs produits ou services. Comme on le constate dans le récit, les taxi-motos ont vu en cette éruption volcanique une opportunité de faire fortune en augmentant le prix des courses qui se faisaient beaucoup moins cher en temps normal. Ce que font exactement certains commerçants chez moi.

Éveiller, motiver et changer

Au-delà de relever ces maux qui entravent le développement du continent, l’auteur veut avant tout éveiller la conscience de la jeunesse africaine pour qu’elle se mette à travailler pour ce continent et pouvoir changer ces mauvaises pratiques. Pour ce faire, il faut d’abord que cette jeunesse commence par écrire l’histoire et les réalités du continent tel qu’elle les vit, éclaire l’auteur.

« Nous ne devons pas chaque fois attendre que les personnes étrangères vivant à l’extérieur du pays, voire du continent africain relatent l’histoire de notre pays sur base des éléments qu’elles ont juste eus, peut-être sur internet, ou à partir d’autres outils de communication alors que nous, en tant que fils du milieu, avons vu et vécu la situation »,

écrit l’auteur à l’avant-propos de son livre.

En échangeant avec Fidèle et en l’entendant échanger avec d’autres confrères, tel que Donald, j’ai senti en lui le désire, la motivation, la passion, l’ardeur et même la rage de faire connaître, en tant qu’africain, ce qui se passe en Afrique. Oui, à mettre les mots sur les réalités et les histoires, à la fois riches et variées, de ce vaste continent. Fidèle veut surtout estomper, sinon compléter, la tradition de transmission orale des histoires, connaissances et réalités de l’Afrique au profit de générations futures, car comme l’a dit Horace : « les paroles s’envolent, les écrits restent ». C’est donc pour Fidèle un combat visant à faire comprendre aux jeunes africains que personne ne peut mieux qu’eux raconter les réalités de l’Afrique et personne ne peut mieux travailler pour l’Afrique qu’eux-mêmes. Ce qui est vivement à encourager. En attendant, je vous recommande « Le Reporter du Feu« , ce premier livre de Fidèle. À lui, je dis bravo et vivement d’autres œuvres plus inspirantes.

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